samedi 12 septembre 2009

Les deux voleurs !

Encore un autre conte avant la fin du 2ème.
Il y avait bien longtemps, quand les nations civilisées du monde avaient encore des régimes démocratiques au pourvoir, dans un village qui s’appelait l’Afrique, il y avait une riche et misérable famille, la famille Niger. Cette famille était riche parce qu’elle possédait un sac de cauris dont les membres ne voyaient plus la valeur. En effet, les échanges commerciaux ayant cours en francs CFA dans ce village, et les euros et les dollars mieux prisés que les cauris, les cauris ne servaient plus qu’à orner les hanches des petites filles de la famille. Cette famille était misérable parce que chaque jour, ses enfants braillaient qu’ils avaient marre de leur vie de chien dans laquelle il leur fallait fouiller les poubelles des autres pour manger ou bien tromper leur ventre avec des papiers et autres simulacres de nourriture.
Un jour, deux voleurs, de nuit, un grand et un petit, entrèrent dans le terrier de cette famille et trouvèrent ce qui servait de magasin de la maison avec trois sacs : un sac bien rempli de mil, un sac de sorgho rempli au trois quart et le sac de cauris, à moitié vidé. Le petit voleur dit au grand voleur : « moi je veux le sac de mil, celui qui est bien rempli. Il me servira à nourrir mes chevaux. » Le grand voleur fit remarquer au petit voleur que si c’était pour ses chevaux, ceux-ci préféraient le sorgho. « Mes chevaux ne savent pas ce qu’il veulent. En plus, le sac du sorgho est vidé au quart ! » Le vieux voleur comprit la réponse ; ils ne volaient pas vraiment par nécessité, ils volaient parce qu’ils étaient des artistes.
Le grand voleur fit remarquer au petit, que si lui, il prenait le sorgho, la famille Niger ne tiendrait pas pour, l’année prochaine, produire le mil et le sorgho qu’ils reviendraient voler. Il décida donc de prendre le sac de cauris. Après tout, dans ce village, personne n’en voudrait, même gratuitement. Le vieux voleur ne faisait alors que désencombrer la maison de cette famille paysanne.
La bouche du petit voleur félicitait le grand voleur pour son humanisme et sa sagesse tandis que son cœur se moquait de se pauvre con dépassé par les événements et à un pied de la tombe. Une fois à la maison, le petit voleur confia à sa femme la moitié du sac de mil pour son « fourra » et la moitié à son domestique qui s’occupait de ses chevaux. Le grand voleur profita du passage des Citadins de l’Occident pour vendre les cauris pris chez le paysan. Ce fut une belle affaire pour lui, avec beaucoup d’argent. Ce fut encore une plus belle affaire pour les citadins dont les musées d’arts attendent des spécimens particulièrement adorés par leurs concitoyens.
Un jour, vers la période de soudure, le grand voleur acheta du maïs et revint, de grand jour cette fois-ci, chez la famille paysanne. « Je vous apporte les preuves que je suis le seul qui vous aime dans ce village. Voici du maïs pour accompagner la période de soudure, et je vous indique où retrouver le reste de votre mil volé. »
Le grand voleur indiqua la maison du petit voleur qui fut étonné, mais nullement effrayé, de voir un membre de la famille paysanne visiter l’enclos de ses bébêtes. Chez la famille Niger on se promit d’abord de bien cacher les prochaines récoltes. Puis on eut cette question qui ne trouvait pas alors de réponse : « mais, diable, comment le grand voleur a-t-il fait pour savoir qui a volé la famille, et pourquoi il lui a apporté de la charité ? »
Les uns soutinrent que c’est parce qu’il était le meilleur, le seul « bon »parmi les voleurs ; les autres répliquèrent qu’il n’est pas pour autant autre chose qu’un voleur. Finalement, les membres de la famille étant de grand cœur, on décida que tout cela n’avait aucune importance.
Au lecteur de décider qui est qui et, qui il est dans le conte ; car forcement le lecteur est dans ce conte !!!
Devinette: Que faire si vous devez conseiller ces paysans dans le choix du chef de leur village (et il n y a que les deux voleurs comme candidats) ?

vendredi 11 septembre 2009

Jouer au meilleur tailleur !

Le troisième conte avant la fin du deuxième.

Dans les temps immémoriaux, il y avait eu un pays qui s’appelait le Niger. Après sa « décolonisation », le pays a connu l’indépendance, la DEMOCRATIE, la dictature militaire, la conférence nationale, la DEMON-CRATIE, le régime militaire, la DES-MAUX-CRATIE, le pouvoir militaire, la DE-MOT-CRATIE et le TAZARCHE.
Puis un jour vint où la jeunesse du pays décida de mettre toute la classe politique en retraite anticipée. Mais comme il n y a dans la classe politique que des parents, oncles, tantes, grands frères et grandes sœurs des jeunes de la jeunesse du pays, celle-ci décida qu’elle ne laissera pas la classe politique désœuvrée. Après d’âpres discussions et pour ne pas augmenter le taux de chômage de la jeunesse, on décida d’affecter tous les tailleurs et couturiers de la tranche de vingt à quarante ans dans la politique et de faire de tous les politiciens des tailleurs et des couturiers.
Alors les Grands de la classe politique, une fois en retraite, ils tinrent conseil et décidèrent d’installer leur commerce dans une même rue pour disaient-ils, « pouvoir se retrouver en fada, poser du thé et discuter du bon vieux temps pendant les nombreuses "pause – café" au programme ». Ils adressèrent une demande à la mairie qui donna un avis favorable à condition qu’il n y ait jamais de meeting ou des déclarations politiques dans cette fada.
Le premier, en ouvrant sa boutique, mit cette pancarte publicitaire : « Vous êtes chez le meilleur tailleur de Niamey ! » ;
Le deuxième en voyant la pancarte du premier, mit : « Vous êtes chez le meilleur tailleur du Niger ! » ;
Le troisième, voyant la pancarte des autres, mit : « Vous êtes chez le meilleur tailleur de la CEDEAO » ;
Le quatrième, voyant la pancarte des autres, mit : « Vous êtes chez le meilleur tailleur de l’Afrique subsaharienne ! » ;
Le cinquième, voyant la pancarte des autres, mit : « Vous êtes chez le meilleur tailleur de l’Afrique » ;
Le Sixième, voyant la pancarte des autres, mit : « Vous êtes chez le meilleur tailleur la planète terre » ;
Le septième, voyant la pancarte des autres, mit : « Vous êtes chez le meilleur tailleur de la galaxie solaire » ;
Le huitième, voyant la pancarte des autres, mit : « Vous êtes chez le meilleur tailleur de l’univers » ;
Enfin, le neuvième réfléchit à ce qu’il pourrait bien mettre ! Puis, il eu une idée. Il alla se faire un gigantesque panneau qui couvre toute la devanture de sa boutique. Il fit inscrire, en gros et en gras, ceci : « Chers client ! Nous les tailleurs, nous sommes ‘fils de neuf’ (yan tara ne) ! Nous ne ‘sommes pas dix’ (ba mu cika goma ba) ! Vous êtes ici chez le plus honnête tailleur de cette rue. Si je dois vous coudre un habit, et si je vous donne rendez-vous dans une semaine pour reprendre votre habit, alors si vous tenez à avoir votre habit dans un mois, revenez juste demain me faire la bagarre pour dire que votre habit a déjà un mois avec moi ! »
Tous les autres tailleurs se fâchèrent contre lui, et en même temps, ils se moquèrent et eurent pitié de lui : « celui-ci n’aura guère de militants », se disaient-ils. Malgré la gêne de certains on décida qu’ « il est exclu de notre parti parce qu’il joue à l’honnête tailleur pendant que l’on joue au meilleur tailleur ! »

NB : L’histoire est si ancienne que la chaîne de transmission a fini par perdre les noms de nos honnêtes, grands et meilleurs, hommes politiques. Excusez le conteur, ce n’est pas de sa faute !