mercredi 26 mai 2010

La crise alimentaire au Niger éclipse celle au Tchad, dit la FAO

MAO, Tchad, 25 mai (Reuters) - L'aide humanitaire aux deux millions de Tchadiens qui souffrent de la faim est insuffisante parce que la priorité est donnée au Niger voisin, a mis en garde mardi l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO).
Le Niger est perçu comme le coeur de la crise alimentaire au Sahel, région où 10 millions de personnes risquent d'être exposées à la malnutrition ou à la famine dans les prochains mois en raison des faibles pluies de l'année dernière, qui ont beaucoup réduit les perspectives de récoltes et la taille des cheptels.
Mais la FAO s'inquiète de l'oubli dans lequel est tombé le Tchad, pays parmi les plus pauvres de la planète comme son voisin nigérien.
"Les donateurs craignent une répétition de la crise alimentaire de 2005 au Niger, où beaucoup de gens étaient morts de faim", déclare dans un communiqué Fatouma Seid, chargée des opérations d'urgence à la FAO.
"Par comparaison, l'attention portée à ce qui se passe au Tchad est moindre alors que la situation y est tout aussi critique", ajoute-t-elle.
La FAO a demandé 11,8 millions de dollars pour le Tchad en novembre et n'en a récolté que deux millions, dit-elle. L'aide pour le Niger s'élève, elle, à plus de 60 millions de dollars.
(Moumine Ngarmbassa, Grégory Blachier pour le service français)
((Service Informations générales. Tel 01 49 49 53 34. paris.newsroom@reuters.com. Reuters Messaging : gregory.blachier.reuters.com@reuters.net))

Aide française de 6 M€ au Sahel

L'aide française aux populations affectées au Sahel, notamment au Niger, par une situation alimentaire et nutritionnelle très critique totalise plus de 6 millions d'euros, a déclaré mercredi le ministère français des Affaires étrangères.

"Face à la gravité de la situation et pour répondre à la crise régionale au Sahel, la France a mobilisé plus de 6 millions d'euros en faveur des populations affectées", a souligné dans un communiqué le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero.
Les personnes concernées sont au nombre de 3 millions au Niger, 1,8 million au Tchad, 0,65 million en Mauritanie, 0,5 million au Burkina Faso et 0,15 million au Togo. "La France continue d'agir en faveur d'un effort européen et international cohérent, en appui des dispositifs nationaux", a ajouté le porte-parole.

Dans la région en crise, la baisse de la production entraîne notamment un déficit céréalier et un déficit fourrager affectant le bétail ainsi qu'un renchérissement des denrées alimentaires dans un contexte de vulnérabilité alimentaire et de malnutrition déjà structurellement élevées, a-t-il précisé. Selon l'ONU, quelque 10 millions de personnes sont "touchées" par la grave crise alimentaire affectant depuis le printemps plusieurs pays du Sahel.

dimanche 23 mai 2010

Niger: un nouveau code électoral proposé à la junte

NIAMEY - Le Conseil consultatif au Niger a adopté samedi soir un nouveau projet de code électoral qu'il soumettra au gouvernement et à la junte militaire, a annoncé son président Marou Amadou.
"Je déclare l'avant-projet de code électoral examiné et adopté", a indiqué M. Amadou sur la radio du Parlement.
L'examen du code était l'unique point à l'ordre du jour d'une session extraordinaire du Conseil consultatif convoquée mercredi par le chef de la junte au pouvoir depuis le coup d'Etat du 18 février, le général Salou Djibo.
Le texte adopté par le Conseil a été élaboré par un Comité des textes fondamentaux qui s'est basé sur le code de 2004 et auquel "25 innovations majeures" ont été apportées.
Parmi les principaux nouveaux articles, figure pour la première fois l'obligation faite aux candidats à l'élection présidentielle d'avoir entre 35 et 70 ans, d'après la synthèse des travaux lue à la radio.
Autre nouveauté: tout candidat à la présidentielle doit être titulaire d'un baccalauréat plus trois années d'études supérieures, et pouvoir s'acquitter d'une caution de 10 millions de FCFA (15.000 euros).
Le mandat présidentiel est maintenu à cinq ans et renouvelable une seule fois.
Contrairement aux autres législatures, le prochain Parlement devrait être composé de seulement "un quart d'analphabètes", le reste des élus devant être titulaires du Brevet d'étude du premier cycle (BEPC).
Le nouveau code proposé fait obligation à tous les membres de la future Commission électorale nationale indépendante (Ceni) de prêter serment sur le livre saint de leur confession, une question hautement sensible.
Cette exigence avait poussé le Syndicat autonome des magistrats du Niger (Saman) à boycotter cette structure lors des scrutins organisés depuis 1999. Il estimait que ses membres étaient déjà assermentés.
Le texte proposé mentionne clairement l'interdiction faite aux membres de la junte, à ceux du gouvernement et aux agents des Forces de défense et de sécurité de se présenter aux futurs scrutins.
Cette mesure avait été prise par ordonnance par le général Djibo.
Le Conseil consultatif installé par la junte est formé de 131 représentants des principales composantes socio-professionnelles du pays. Il devra aussi donner un avis sur le projet de Constitution en cours d'élaboration.
La junte a annoncé l'organisation d'élections, notamment présidentielle, avant le premier anniversaire du coup d'Etat du 18 février, qui a mis fin à dix ans de pouvoir du président Mamadou Tandja. Ce dernier avait plongé son pays dans une grave crise en cherchant à se maintenir au pouvoir après la fin de son mandat légal.
(©AFP / 23 mai 2010 02h22)

samedi 22 mai 2010

Une espionne à Cannes


Une espionne à Cannes

Le film a été présenté un peu plus tôt dans la semaine mais nous ne l'avons vu, pour des raisons d'organisation, qu'hier. Impossible de ne pas en parler vu le duo d'acteurs qui en tient la vedette: Sean Penn et Naomi Watts. Sous la direction de Doug Liman, le couple formé par les deux stars américaines s'attaquent à l'affaire Plame-Wilson, qui a bouleversé l'Amérique en 2003.

Valérie Palme, agent de la CIA, enquête sur l'existence potentielle d'armes de destruction massive en Irak. Son mari, le diplomate Joe Wilson, se voit confier la mission d'apporter les preuves d'une supposée vente d'uranium enrichi, en provencance du Niger. Après un grand nombre d'entretiens sur place, il constatera que ce trafic est peu probable. Les conclusions de Wilson seront délibéremment ignorées par la Maison Blanche: Bush convaincra le peuple que Saddam Hussein avait récemment acquis des quantités conséquentes d'uranium en Afrique et déclenchera la guerre.

Wilson publiera une tribune dans le New York Times pour donner sa version des faits. "Nous sommes entrés en guerre sous de faux prétextes", écrira-t-il.

Une semaine plus tard, l'identité secrète de son épouse sera révélée par la presse. Valérie Palme verra sa carrière et son couple exploser en plein vol.

Voilà un film efficace et passionnant joué par des acteurs convaincants. Valérie Palme et son mari ont été bluffés de la ressemblance qui existe entre la réalité et ce long-métrage. Reste qu'on ne comprend pas très bien ce que ce film fait en compétition. A côté des films coréen, ukrainien ou russe, il détonne franchement. On doute qu'il ne décroche le moindre prix demain.

mardi 18 mai 2010

Vers l’adoption d’un nouveau avant-projet de code électoral au Niger

APA-Niamey(Niger) Une session extraordinaire du Conseil consultatif national, créé par la junte pour apprécier les textes fondamentaux, s’ouvre mercredi à Niamey pour examiner l’avant-projet de Code électoral, a appris APA mardi de source officielle.
Cette session de cinq jours s’achèvera dimanche prochain, indique un décret signé par le Chef de la junte militaire au pouvoir, le Général Djibo Salou.
Lors de sa première session ordinaire en avril dernier, le Conseil consultatif national a proposé une transition de douze mois, acceptée par la junte qui a promis d’organiser de céder le pouvoir aux civils d’ici mars 2011, après avoir organisé des élections auxquelles ses membres et les responsables du gouvernement ne seront pas candidats.
Un avant-projet de Constitution assorti de nouveaux textes sur les partis politiques est également attendu d’ici la mi-juin prochaine, avait souligné le président du Comité de rédaction des textes fondamentaux, le Pr Mamoudou Gazibo, juriste nigérien et enseignant au Canada.
Ces textes seront également soumis au Conseil consultatif national, organe de transition, mis en place pour donner un avis sur les textes et la durée de la transition militaire.
Le Niger est dépourvu de textes fondamentaux depuis le putsch du 18 février contre Mamadou Tandja, qui avait organisé en août 2009 un référendum pour adopter une nouvelle Constitution après avoir modifié le code électoral.
S/APA 18-05-2010

samedi 15 mai 2010

Crise alimentaire au Niger: le gouvernement va distribuer 21.000 tonnes de nourriture


NIAMEY, Niger (AP) — Le gouvernement du Niger a annoncé samedi qu'il allait lancer un programme de distribution de nourriture dans le pays confronté à une grave crise alimentaire.
Mahamane Laouali Dan Dah, porte-parole du gouvernement, a précisé que plus de 21.000 tonnes de nourriture seraient distribuées à 1,5 million de personnes qui en ont besoin.
Il y a cinq ans, le Niger avait connu une crise alimentaire similaire. Mamadou Tandja, qui était alors président, avait attaqué les agences humanitaires et les partis d'opposition qu'il accusait de fabriquer "de la fausse propagande" pour en obtenir un gain sur la plan politique et économique. Plusieurs associations humanitaires avaient été expulsées.
Mamadou Tandja, accusé de dérive autoritaire, a été renversé le 18 février dernier lors d'un coup d'Etat. AP

Les armées du Sahel formées à la lutte antiterroriste


Des exercices militaires à grande échelle, depuis 2005, un commandement pour le continent, depuis 2008 :la présence américaine s'intensifie dans la région sahélo-saharienne.

Keita.De notre correspondante

Keita, à une vingtaine de kilomètres au nord de Bamako, la capitale malienne. Il fait 40 degrés. Deux unités sénégalaise et malienne spécialisées dans la lutte anti-terroriste s'entraînent avec les forces spéciales américaines.

Depuis 2005, l'exercice international Flintlock, sous commandement américain, a lieu dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest. L'objectif ? Former des soldats face à la menace croissante du terrorisme dans la bande sahélo-saharienne. Enlèvements revendiqués par Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et trafics en tout genre s'y sont multipliés, ces dernières années.

« Notre présence sur le continent doit rester limitée. Il y a beaucoup d'objections politiques quant à l'implantation d'une importante force américaine en Afrique », explique le lieutenant-colonel Christopher Schmitt. À Africom, le commandement militaire des USA pour l'Afrique, on fait taire les rumeurs de déménagement du siège (actuellement à Stuttgart, en Allemagne) vers le continent africain. « Nous n'avons jamais eu l'intention de le déplacer en Afrique. Il restera en Allemagne car, logistiquement, c'est plus facile. Et nous ne voulons pas favoriser un pays en nous y installant », rapporte Éric Elliot, porte-parole de l'Africom, créé en 2008.

Deux anspour être opérationnels

Africom veut une « présence temporaire » et « discrète ». Pour autant, les forces spéciales américaines dispensent, depuis 2005, vingt stages de formation par an dans les pays assistés (Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Maroc, Algérie, Tunisie, Sénégal et Nigéria). Sans compter les opérations civilo-militaires.

« Il va falloir un à deux ans pour être opérationnel. Nous sommes confrontés à des problèmes physiques, mentaux et logistiques », avoue le capitaine Ongoiba, commandant de l'unité des forces spéciales du Mali, dotée de 90 hommes aux uniformes dépareillés. Le pays ne possède, par exemple, qu'un seul avion militaire.

Une unité sénégalaise est aussi « venue apprendre avec Flintlock ». « Nos frontières sont poreuses, ce qui se passe au nord du Mali peut très bien arriver au Sénégal », souligne le commandant Dieng, officier de liaison sénégalais. Même si, pour le moment, nous n'avons pas repéré de foyers terroriste

vendredi 14 mai 2010

Un eldorado minier si instable

Deux mois après sa mise en place, la VIe république du Niger, installée aux forceps par Mamadou Tandja, s’est achevée brutalement avec le coup d’Etat du 18 février 2010, le quatrième de l’histoire du Niger indépendant. Quelles implications pour Areva ?

L’ex-président avait pendant toute l’année 2009 planifié et mis en oeuvre un coup d’Etat constitutionnel qui lui avait permis de modifier la constitution, de soumettre à son autorité toutes les institutions démocratiques, de s’octroyer une prolongation automatique de mandat de trois années et de mettre en place les jalons pour se maintenir sans limite de temps à la tête du Niger. Dans un formidable mouvement démocratique, toutes les organisations de la société civile nigérienne et la quasi-totalité des partis politiques nigériens d’importance avaient fait front commun contre ce coup de force constitutionnel. La détermination avec laquelle les deux camps se faisaient face avait conduit à une situation de blocage politique complet. Début février, l’échec de la médiation menée par l’ancien président nigérian Abdul Sa-la-mi Abu-ba-kar mandaté par la CEDEAO semblait définitif. Mamadou Tandja plus rigide que jamais face à la contestation, était de plus en plus isolé, ne se reposant plus que sur son clan – sa famille et ses partenaires d’affaires. Il n’a pas su empêcher l’intervention de militaires pourtant sous surveillance, trop sûr de son aura sur une armée qu’il avait largement su faire profiter des retombées économiques du boom minier.

Mais l’achat d’équipements et d’armes modernes, les primes permanentes, les cadeaux en nature (maisons et véhicules), l’impunité garantie ne l’ont pas protégé. En deux petites heures et avec très peu d’hommes, les responsables militaires parmi les plus puissants du pays ont fait tomber un régime installé illégalement, et déjà consommé aux yeux des Nigériens par ses dérives autocratiques et autoritaires.

Un coup chasse l’autre

Un coup d’Etat militaire vient donc chasser un coup d’Etat constitutionnel. Certains acteurs du renversement de Tandja n’en sont pas à leur « coup » d’essai : le chef d’orchestre du coup d’Etat du 18 février 2010, le colonel Djibrilla Hima dit « Pelé », actuel commandant de la zone militaire de Niamey, faisait partie il y a dix ans en 1999 des meneurs du coup de force qui avait conduit à l’assassinat du président Ibrahim Baré Maïnassara et au renversement du régime d’alors. Une transition militaire de neuf mois avait permis l’établissement d’une nouvelle constitution et conduit à l’élection de Mamadou Tandja.

Le 20 février 2010, le chef d’escadron Salou Djibo est placé à la tête du pays par ses coputschistes, qui se rassemblent au sein du CSRD (Conseil suprême pour la restauration de la démocratie). Salou Djibo est éduqué, formé à l’étranger, calme presque timide, ayant fait toutes ses preuves de chef opérationnel, dans la mission de l’ONU en Côte d’Ivoire ou à la tête de la très stratégique compagnie de blindés de Niamey, une des plus puissantes unités militaires du pays. Le premier de la classe des militaires nigériens est la figure la plus présentable que la nouvelle junte pouvait proposer aux Nigériens et au monde extérieur. Bonne pioche.

Un immense soulagement ?

Dans la population, la nouvelle du coup d’Etat est accueillie avec un soulagement non dissimulé, presque comme une libération. Les condamnations formelles formulées par l’Union africaine, la CEDEAO et les annonces de sanctions ne masquent pas un soulagement évident de voir se débloquer la situation. Les organisations nigériennes à la tête de la contestation, après avoir salué la fin du régime honni de Tandja appellent vigoureusement la junte à s’organiser au plus vite pour restituer le pouvoir aux civils, à organiser une transition en concertation avec tous les acteurs de la scène politique nigérienne, et à s’engager à ne pas se présenter à la tête des futures institutions du pays. Elles annoncent leur intention de poursuivre leurs efforts pour faire aboutir leur combat pour la restauration de la démocratie, cette fois-ci dans un cadre qu’elles espèrent plus ouvert.

Une junte de transition ?

La junte après avoir procédé à une première vague d’arrestations comprenant principalement l’ex-président et son fidèle ministre de l’intérieur Albadé Abouba, mais également les ministres les plus impliqués dans le Tazarché [1] , semble vouloir donner des gages de sérénité et de confiance. Tous les ministres sont progressivement relâchés, seuls Tandja et Albadé sont toujours retenus dans des villas présidentielles. Les premières décisions de la junte visent à rassurer les pays voisins et la communauté internationale, les militaires nomment le 23 février un Premier ministre civil, Mahamadou Danda (ministre de l’Information dans le gouvernement de transition qui avait suivi le coup d’Etat de 1999 et conseiller à l’ambassade du Canada à Niamey depuis dix ans), qui déclare immédiatement qu’il n’acceptera pas de faire de la figuration. Pour couper court aux comparaisons avec la Guinée, les militaires nigériens mettent en place début mars un gouvernement de transition composé de techniciens, pour beaucoup expatriés, et de cinq militaires, dont un seul à un poste d’importance, le ministère de la Défense. Ils prennent deux ordonnances. La première empêche les membres du gouvernement issus du CSRD d’être candidats à quelque élection que ce soit, la deuxième empêche tout porteur de tenue, qu’il soit militaire ou paramilitaire, d’être candidat à des élections consécutives à cette transition démocratique ou qui se mèneraient pendant cette transition démocratique y compris s’il démissionnait pour se présenter. Dans ces ordonnances, il est clairement dit que ces mesures ne peuvent faire l’objet d’aucune modification durant la transition. Dont acte.

PNG - 153.5  ko
Salou Djibo, le nouvel homme fort du Niger (à gauche) en compagnie du président de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Mohammed Ibn Chambas.

Le CSRD semble vouloir se cantonner à un rôle limité puisqu’il annonce la mise en place d’un Conseil consultatif pour début avril qui, sur le modèle de la conférence nationale de 1991 en version réduite, sera chargé de définir le calendrier de la transition, de mettre en place la nouvelle constitution, ainsi que les institutions du futur régime. Les principaux leaders politiques en exil depuis de longs mois sont invités à rentrer au pays pour prendre part aux négociations. Hama Amadou est particulièrement attendu. Réputé proche de Nicolas Sarkozy et des milieux d’affaires continentaux et internationaux, l’ancien Premier ministre de 1999 à 2007, est toujours le favori pour succéder à Tandja à la magistrature suprême. Il reste à voir si des élections seront réellement organisées dans les prochains mois.

La France, la Chine, les minières et l’eldorado nigérien

Au cours des dernières semaines de sa présidence, Mamadou Tandja avait fini par réellement exaspérer tous ses interlocuteurs internationaux. Ses déclarations d’ouverture vers l’Iran ont probablement convaincu la communauté internationale que Tandja était dorénavant irrécupérable. Les Etats-Unis en particulier, très actifs dans la lutte anti-terroriste dans le Sahara, montraient ouvertement leur agacement. En France l’Elysée se retrouvait dans une situation délicate à cause de son choix, à peine dissimulé, de soutenir Tandja.

Mais globalement les partenaires internationaux du Niger font profil bas face à ce nouveau coup de force qui semble avoir pris tout le monde de court, la France particulièrement. Si le Quai d’Orsay condamne rapidement le coup, c’est Alain Joyandet, secrétaire d’Etat français à la Coopération, qui, relayant les inquiétudes de l’Elysée, se fait le porte-parole de la junte nigérienne pour affirmer, le 19 février, que les positions d’Areva au Niger ne sont ni menacées ni remises en cause, une déclaration en forme d’incantation. Chez Areva en revanche, on est moins serein. Dès le 21 février, soit trois jours seulement après le coup d’Etat, Anne Lauvergeon annonce un déplacement à Niamey début mars accompagnée par le ministre français de l’Industrie, Christian Estrosi, émissaire spécial de Nicolas Sarkozy, avant de se dédire pour finalement ne plus rien dire.

Areva gagne du temps

Face aux militaires, la stratégie d’Areva semble hésitante. Le groupe, fragilisé par un endettement très important, la perte du « marché du siècle » aux Emirats Arabes Unis, ainsi que par les attaques politiques visant les choix de sa direction, se décide pourtant à reprendre la main en annonçant le 26 février, un report de trois ans de la mise en exploitation du gigantesque gisement d’uranium d’Imouraren initialement prévu pour 2011. Moussa Souley, un cadre d’Areva à Niamey, justifie le report du démarrage de l’exploitation en expliquant : « Avec la crise financière, les marchés ont évolué et nous avons dû réévaluer le coût global du projet ». Sauf que ce n’est pas tant la crise financière qui retarde le projet mais plutôt les cours mondiaux de l’uranium, équivalents aux coûts d’exploitation, qui rendent l’exploitation peu rentable. En provoquant un retard sur un site de production majeur, Areva compte faire remonter les cours plus vite que prévu et donc renflouer sa trésorerie en gérant un important stock. On est donc très loin du partenariat respectueux et moderne clamé par Areva lors de la signature du contrat par Sarkozy en mars 2009 à Niamey.

De son côté, la junte passe à l’offensive dans le secteur minier. L’affairisme frénétique autour de l’attribution des permis miniers nigériens avait grandement contribué à détériorer l’image de Tandja auprès de sa population. L’octroi des permis d’exploration avait entraîné l’habituel cortège de commissions distribuées aux intermédiaires proches du pouvoir et poussé les associations nigériennes à demander des investigations judiciaires.

Révision des contrats miniers

Le 17 mars, les autorités de transition annoncent qu’elles veulent revoir tous les contrats miniers, y compris ceux signés avec Areva, sans pour autant fixer de calendrier précis. Interrogés sur la volonté réelle de la junte de pousser les investigations, les membres du réseau des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire (Rotab) veulent croire en la bonne foi des militaires et en leur volonté de faire respecter les engagements pris par Areva. Depuis, plusieurs audits ont été lancés, mais ils ne concernent encore que les sociétés d’Etat nigériennes (du pétrole, de l’électricité et des mines), dont les dirigeants sont accusés par la junte d’avoir détourné des fonds pour financer le Tazarché ; le 29 mars, ils ont été par ailleurs arrêtés avec quatorze autres personnes proches de Tandja, pour avoir tenté de déstabiliser la junte. Aucune société étrangère n’a pour le moment été visée, même si les contrats chinois sont particulièrement dans la ligne de mire des militaires à cause des liens affichés de l’ancien président avec la Chine. En fait, la junte cherche un équilibre subtil : lutter contre l’intense spéculation financière sur les permis octroyés tout en offrant des garanties aux investisseurs miniers, dont elle sait qu’ils assureront des revenus vitaux pour le Niger au cours des prochaines années.

Avec Areva, la situation est particulièrement délicate : en retardant l’exploitation d’Imouraren, elle prive le pouvoir d’une partie de ses revenus accroissant ainsi la pression financière sur la junte dans un contexte de suspension de l’aide internationale, de crise alimentaire aiguë. De quoi calmer les ardeurs dans la révision des contrats d’Areva avec le Niger.

Espérons que la CSRD concrétise toutes ses annonces et que ni les rumeurs ou tentatives d’un nouveau coup d’Etat de la part de militaires restés fidèles à Tandja, ni les rivalités politiques exacerbées entre les prétendants au pouvoir, ni les manoeuvres des compagnies minières, ni la grave crise alimentaire qui s’annonce, ne bouleversent une situation qui reste très précaire, et n’assombrissent encore le quotidien déjà intenable des Nigériens.

Danyel Dubreuil

Rejoignez le groupe de discussion Yahoo des élèves et anciens élèves du LEX



Cliquez ici pour rejoindre lexniger

Cliquez ici pour rejoindre lexniger


mercredi 12 mai 2010

Niger: La junte veut récupérer les deniers publics


La junte militaire au pouvoir au Nigér a annoncé mercredi la mise sur pied d'une commission chargée d'assainir la classe politique et d'affaires du pays et de recouvrer les deniers publics détournés sous le régime du président Mamadou Tandja, qu'elle a renversé en février. Cette initiative est conforme aux promesses non dénuées de populisme faite par les militaires, mais va à l'encontre des souhaits de la communauté internationale qui préférerait qu'ils se préoccupent d'en revenir rapidement à un régime civil et ne se livrent pas à une chasse aux sorcières.

Alerte sur les déchets radioactifs d'Areva au Niger

'organisation de défense de l'environnement Greenpeace a alerté l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la "dispersion des déchets radioactifs" causée par les activités d'extraction minière du groupe français Areva dans le nord du Niger.

L'OMS "est compétente sur les questions de santé et nous souhaitons qu'elle se penche sur le problème", a indiqué le porte-parole de Greenpeace Suisse, Nicolas de Roten.

Dans un rapport présenté fin mars au Niger et lancé officiellement jeudi à Genève, Greenpeace accuse Areva de mettre en danger la santé des riverains des mines d'uranium que le groupe français exploite dans les environs des villes d'Arlit et d'Akokan.

"Nous souhaitons que l'OMS réalise sa propre enquête et demande à Areva de prendre des mesures", a expliqué une spécialiste de Greenpeace, Rianne Teule. Arlit et Akokan sont deux cités minières dans le nord-ouest du Niger, pays sahélien pauvre où Areva, numéro un mondial du nucléaire civil et premier employeur privé du pays, qui exploite des gisements d'uranium.

En collaboration avec la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD, France) et le Réseau des Organisations pour la Transparence et l'Analyse Budgétaire (ROTAB, Niger), Greenpeace a réalisé une étude scientifique après avoir effectué des prélèvements et des mesures à Arlit et à Akokan en novembre 2009. (belga)
12/05/10 12h36

mardi 11 mai 2010

Areva poursuit sa pollution radioactive au Niger


L’uranium importé du Niger alimente les réacteurs nucléaires hexagonaux. Les impacts de son extraction sur la santé des populations locales et l’environnement restaient encore peu connus. La publication, le 4 mai 2010, d’une étude de Greenpeace commence à combler cette lacune. Ses résultats laissent perplexes sur la stratégie d’Areva, géant français du nucléaire, en matière de « développement durable ».

En collaboration avec la Criirad, un laboratoire français indépendant spécialisé dans les mesures de radioactivité, et le réseau nigérien d’organisations non gouvernementales ROTAB, Greenpeace a accédé à proximité des villes minières où opère Areva. Sur place, l’ONG a prélevé des échantillons de sol, d’eau et d’air que la Criirad a ensuite analysés en France pour en mesurer la radioactivité. Résultat : la radioactivité dans ces zones habitées et les déchets produits par l’extraction minière sont « alarmants ».

Eau polluée à la radioactivité

Sur quatre des cinq échantillons d’eau analysés, et provenant de la région d’Arlit, la concentration en uranium est supérieure à la limite recommandée par l’Organisation mondiale de la santé pour l’eau potable. Pour Greenpeace, « les données historiques indiquent une augmentation progressive de la concentration en uranium au cours des 20 dernières années, ce qui peut être révélateur de l’impact des opérations minières ». Greenpeace a également trouvé plusieurs morceaux de ferraille radioactive sur le marché local d’Arlit, présentant des taux de radiation supérieurs à 50 fois les niveaux habituels. Or, les populations locales se servent de ces matériaux pour construire leurs habitations. Toujours selon le rapport, dans les rues d’Akokan, l’intensité des radiations est environ 500 fois supérieure aux niveaux normaux. « Une personne passant moins d’une heure par jour dans cet endroit serait donc exposée à une radiation supérieure au taux maximal annuel autorisé ». Charmante attention à l’égard des populations locales !

Après qu’une partie des premiers résultats de l’étude aient été publiés fin novembre 2009, Areva a entamé le nettoyage d’endroits radioactifs dans un des villages miniers cités dans le rapport. Mais cela est loin d’être suffisant pour Greenpeace qui exige la mise en place de « contrôles permettant de garantir que les activités d’Areva respectent les normes internationales en matière de sécurité et l’environnement, et tiennent compte du bien-être des employés et des populations vivant à proximité des sites miniers ». L’ONG demande également « qu’une étude indépendante soit réalisée autour des mines et des villes d’Arlit et d’Akokan, suivie d’un nettoyage et d’une décontamination complète ».

Classée 480e parmi les 500 plus importantes multinationales mondiales, Areva puise abondamment depuis 40 ans dans les ressources minières du Niger pour alimenter les centrales nucléaires françaises. Aujourd’hui, ce sont les éléments essentiels à la vie même des populations à proximité des sites miniers qui disparaissent.

Sophie Chapelle

lundi 10 mai 2010

La crise alimentaire contraint 5.657 élèves à l’abandon


Niamey, Niger - Quelque 5.657 élèves de la région de Maradi, dans l’est du Niger, ont abandonné l’école pour suivre leurs parents du fait de la crise alimentaire qui affecte les populations de certaines parties du pays, a appris ce vendredi la PANA, de source officielle.

Selon le directeur régional de l’Education de Maradi, Joseph Bada, le phénomène d’abandon touche 298 écoles de la région où les élèves, faute de soutien financier, ont délaissé les classes.

"A la date du 14 avril 2010, nous avons dénombré 5.657 abandons d’élèves du fait du départ de leurs parents en exode pour certains ; pour d’autres, les parents les retirent de l’école pour les confier à des marabouts qui les envoient chercher leur pitance grâce à l’aumône", a-t-il indiqué.

Les abandons constatés concernent aussi des écoles à cantine, a précisé M. Bada, qui a lancé un appel aux autorités afin que des mesures soient prises pour sauver l’école dans cette région très affectée par la crise alimentaire.

De nouveau, rappelle-t-on, le Niger est en proie à une crise alimentaire consécutive à la mauvaise campagne agricole 2009, qui affecte plus de 7 millions de personnes, selon l’ONU.

Niamey - Pana 08/05/20