lundi 13 septembre 2010

Les tambours de la souveraineté populaire

Le Village du monde était placé sous le signe des indépendances, celles qui veulent s’épanouir (Afrique ou Amérique latine) comme celles qui restent à conquérir (Palestine).
Les tambours du Niger ont résonné dans les allées chamarrées du Village du monde comme un symbole, comme un cri d’aspiration à la souveraineté et à la dignité, surpassant à plusieurs reprises les décibels déjà très soutenus de ce formidable mix de chants et d’échanges sur toutes les questions à vif de la planète qu’est l’éphémère cité. Un cri répété, comme une illustration sonore du thème majeur de cette année : les indépendances.
On est encore très loin du compte en matière de véritable souveraineté nationale, relèveront les participants au débat organisé autour des indépendances africaines, dont on célèbre, cette année, le cinquantième anniversaire. Et c’est particulièrement vrai du Niger, nation d’origine de nos batteurs de tambours, l’un de ces pays riches, très riches en ressources minières et « qui figure pourtant parmi les plus pauvres du monde », relève Odile Biyedi, présidente de l’association Survie. Raisons essentielles de cet « échec du développement » : la perpétuation de la « Françafrique, les plans assassins pour l’emploi et les services publics du FMI au nom de “l’ajustement structurel” », soulignent plusieurs intervenants.
Pour autant, tous sont d’accord pour battre en brèche les clichés paternalisto-misérabilistes sur le continent qui ont la vie dure. D’abord, déjà parce que « les indépendances n’ont pas été octroyées mais arrachées », explique l’universitaire Albert Bourgi. Et surtout, ce combat pour la souveraineté se poursuit jusqu’à aujourd’hui. Contre « l’offensive de l’agrobusiness », soutenu par les puissances néocoloniales pour prendre le contrôle de centaines de milliers d’hectares de terres fertiles, explique Maguette Thiam, secrétaire général du Parti du travail (PIT) sénégalais.
« L’alternative passe par un nouvel internationalisme », souligne Jacques Fath, responsable de la politique extérieure du PCF. À condition, précise-t-il, qu’il soit fondé sur des « actions concrètes » permettant de faire reculer les multinationales et de « favoriser le codéveloppement ».
Autre continent, autre aspiration à la souveraineté, l’Amérique latine qui fête, elle, deux cents ans d’indépendance. « Il y a une filiation directe des combats d’aujourd’hui avec l’espoir suscité jadis », souligne Pablo Groux, ambassadeur de Bolivie. Les défis à relever par les gouvernements progressistes restent énormes, comme les pressions des États-Unis, soucieux de ne pas perdre définitivement leur arrière-cour.
Mais, s’il existe des souverainetés à épanouir, d’autres sont encore tout simplement à conquérir. Les Palestiniens sont toujours un peuple sans État. Et la nuit coloniale continue de gagner du terrain sur la Palestine. Dénonçant le deux poids, deux mesures des États-Unis qui s’érigent aujourd’hui en médiateur entre Israéliens et Palestiniens, plusieurs participants au débat très suivi de ce dimanche midi ont relevé le besoin d’irruption « bien plus forte » de « l’opinion publique internationale » pour exiger un règlement.
« Car, il y a aujourd’hui comme une non-assistance à peuple en danger », s’indigne Fernand Tuil, responsable de l’association de jumelage entre villes françaises et camps de réfugiés palestiniens. Pour percer le blocus israélien et le mur du silence des « grands médias », l’ex-député communiste Jean-Claude Lefort annonce, très applaudi, que plusieurs ONG ont décidé d’organiser prochainement l’envoi d’un bateau français pour Gaza (voir aussi le site unbateaupourgaza.fr).
Bruno Odent

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