mardi 9 novembre 2010

Niger: après la crise alimentaire, production céréalière en forte hausse

NIAMEY - La production céréalière en 2010 au Niger sera en hausse de 62% par rapport à 2009, alors que le pays vient de juguler l'une des pires crises alimentaires de son histoire, prévoit l'Onu dans un rapport publié mardi, s'inquiétant toutefois de la situation nutritionnelle des enfants.
Le Niger va engranger cette année quelque 5,6 millions de tonnes de céréales, contre 3,4 millions en 2009, soit une hausse de 62%, selon les résultats d'une pré-évaluation de la campagne agricole par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA).
Les récoltes de 2010, qui ont commencé fin septembre et ne sont pas terminées dans certaines régions, sont en hausse de 42% par rapport à la moyenne des cinq dernières années, précise OCHA.
Ce premier bilan a été fait en octobre par une mission conjointe du ministère nigérien de l'Agriculture, de l'ONU et du Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel (Cilss, neuf Etats).
Les huit régions du Niger ont enregistré des excédents céréaliers variant d'environ 4.800 tonnes à plus de 150.000 tonnes, souligne OCHA.
Le haricot, une des céréales de base, voit sa production bondir à près de 2 millions de tonnes, contre moins de 800.000 tonnes en 2009.
Selon les autorités nigériennes, ces résultats s'expliquent par une bonne pluviométrie en 2010 - qui a même entraîné des inondations - et une faible pression des "parasites" (criquets, chenilles, etc.).
Quelque 7 millions de personnes, soit près de la moitié de la population, ont souffert d'une nouvelle grave crise alimentaire en 2009-2010, en raison de l'insuffisance ou de l'irrégularité des pluies en 2009.
Mais pour l'ONU comme pour Niamey, le pire a pu être évité.
"Les besoins des sinistrés ont été couverts à 80%", a affirmé en octobre la junte au pouvoir depuis le coup d'Etat de février, saluant "l'aide massive" de l'extérieur.
En revanche, la situation nutritionnelle des enfants inspire toujours l'inquiétude, selon la mission conjointe.
Plus de 1.000 enfants sont encore admis chaque jour dans les centres de prise en charge de la malnutrition "aiguë sévère", d'après l'Unicef.
Quelque 16,7% des moins de cinq ans souffraient fin octobre de malnutrition "aiguë", un taux supérieur au seuil d'alerte de 15% fixé par le Programme alimentaire mondial (PAM), avaient indiqué les autorités nigériennes.
(©AFP / 09 novembre 2010 12h28)

Appelé par la Cédéao à libérer l'ex-président Tandja, le Niger veut la révision du procès

NIAMEY — Le Niger va demander la "révision" du procès devant un tribunal ouest-africain qui a ordonné lundi la libération du président déchu Mamadou Tandja, détenu depuis février par la junte qui l'a renversé, a indiqué mardi à l'AFP une source gouvernementale.
"Le gouvernement nigérien va demander la révision du procès, seule possibilité devant ce tribunal", a affirmé cette source sous couvert d'anonymat.
La Cour de justice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), basée à Abuja, a jugé lundi "arbitraires l'arrestation et la détention" de Mamadou Tandja (1999-2010) par l'Etat nigérien et "ordonné sa libération".
Le tribunal ne peut imposer l'application de ses verdicts.
Fin juillet, le chef de la junte, le général Salou Djibo, avait prévenu que l'ex-chef d'Etat, retenu dans une villa dans l'enceinte de la présidence, ainsi que son ex-ministre de l'Intérieur Albadé Abouba, gardé dans une caserne militaire à Niamey, ne seraient pas "relâchés" pour le moment.
Au "moment opportun", les Nigériens et "la justice" décideront du sort de Mamadou Tandja, a plusieurs fois déclaré le général Djibo par le passé.
"L'ex-président ne sera pas relâché comme s'il n'avait pas commis de crime", a confirmé la source gouvernementale.
"Le seul parjure d'avoir violé son serment de +respecter et de faire respecter la Constitution du Niger+ pouvait mettre Mamadou Tandja à l'ombre pendant de nombreuses années", a-t-elle assuré.
En 2009, M. Tandja avait plongé le pays dans une grave crise en modifiant la Constitution pour pouvoir se maintenir au terme de son second mandat alors que la Loi fondamentale limitait les mandats présidentiels à deux consécutifs.
Une plainte avait été déposée auprès de la juridiction ouest-africaine au nom de l'ancien président pour obtenir sa remise en liberté.
Mais dans un courrier fin juillet au général Djibo, qui lui a été attribué et que la junte a rendu public, il se démarquait de la plainte déposée "à son nom" par sa famille et disait souhaiter son maintien dans son lieu de détention.
Mamadou Tandja, né en 1938, a été renversé lors d'un putsch le 18 février 2010.
Fin octobre, les Nigériens ont adopté à plus de 90% une nouvelle Constitution lors d'un référendum censé amorcer le retour à un régime civil, prévu en avril 2011. Une présidentielle et des législatives sont fixées au 31 janvier 2011.
La nouvelle Constitution fixe notamment la durée du mandat présidentiel à "cinq ans, renouvelable une seule fois". Elle accorde aussi une "amnistie aux auteurs et co-auteurs du coup d'Etat du 18 février".
Pays sahélien parmi les plus pauvres du monde mais très riche en uranium, l'ex-colonie française est en proie à l'instabilité et aux coups d'Etat depuis l'indépendance de 1960.
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