mardi 9 novembre 2010

Appelé par la Cédéao à libérer l'ex-président Tandja, le Niger veut la révision du procès

NIAMEY — Le Niger va demander la "révision" du procès devant un tribunal ouest-africain qui a ordonné lundi la libération du président déchu Mamadou Tandja, détenu depuis février par la junte qui l'a renversé, a indiqué mardi à l'AFP une source gouvernementale.
"Le gouvernement nigérien va demander la révision du procès, seule possibilité devant ce tribunal", a affirmé cette source sous couvert d'anonymat.
La Cour de justice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), basée à Abuja, a jugé lundi "arbitraires l'arrestation et la détention" de Mamadou Tandja (1999-2010) par l'Etat nigérien et "ordonné sa libération".
Le tribunal ne peut imposer l'application de ses verdicts.
Fin juillet, le chef de la junte, le général Salou Djibo, avait prévenu que l'ex-chef d'Etat, retenu dans une villa dans l'enceinte de la présidence, ainsi que son ex-ministre de l'Intérieur Albadé Abouba, gardé dans une caserne militaire à Niamey, ne seraient pas "relâchés" pour le moment.
Au "moment opportun", les Nigériens et "la justice" décideront du sort de Mamadou Tandja, a plusieurs fois déclaré le général Djibo par le passé.
"L'ex-président ne sera pas relâché comme s'il n'avait pas commis de crime", a confirmé la source gouvernementale.
"Le seul parjure d'avoir violé son serment de +respecter et de faire respecter la Constitution du Niger+ pouvait mettre Mamadou Tandja à l'ombre pendant de nombreuses années", a-t-elle assuré.
En 2009, M. Tandja avait plongé le pays dans une grave crise en modifiant la Constitution pour pouvoir se maintenir au terme de son second mandat alors que la Loi fondamentale limitait les mandats présidentiels à deux consécutifs.
Une plainte avait été déposée auprès de la juridiction ouest-africaine au nom de l'ancien président pour obtenir sa remise en liberté.
Mais dans un courrier fin juillet au général Djibo, qui lui a été attribué et que la junte a rendu public, il se démarquait de la plainte déposée "à son nom" par sa famille et disait souhaiter son maintien dans son lieu de détention.
Mamadou Tandja, né en 1938, a été renversé lors d'un putsch le 18 février 2010.
Fin octobre, les Nigériens ont adopté à plus de 90% une nouvelle Constitution lors d'un référendum censé amorcer le retour à un régime civil, prévu en avril 2011. Une présidentielle et des législatives sont fixées au 31 janvier 2011.
La nouvelle Constitution fixe notamment la durée du mandat présidentiel à "cinq ans, renouvelable une seule fois". Elle accorde aussi une "amnistie aux auteurs et co-auteurs du coup d'Etat du 18 février".
Pays sahélien parmi les plus pauvres du monde mais très riche en uranium, l'ex-colonie française est en proie à l'instabilité et aux coups d'Etat depuis l'indépendance de 1960.
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