samedi 29 août 2009

PETITES HISTOIRES DE TAZARTCHE

Petites histoires de TAZARTCHE !!!

« Ces histoires ne veulent rien prouver ! On m’excusera juste si je n’ai pu être fidèle à la lettre de ce qui s’est passé ; du moins j’espère ne pas avoir trahi ce que voulaient dire les personnes dont je rapporte les propos ! »

1. Quinze mille de crédit téléphonique pour l’après TAZARTCHE !

A Aguié, plusieurs personnes utilisant la ligne Zain avaient reçu un crédit de 15 000 F CFA (quinze mille !) utilisable seulement après TAZARTCHE. Après la certitude que Tazartché l’emporte, j’arrive chez une femme âgée qui avait reçu le crédit et je lui demande : « alors, Mama, vous jouissez de vos 15 000 de crédit ? » Réponse, « Après les proclamations des résultats, ils ont retiré leur crédit !!! »

2. Je n’ai pas voté parce que l’absence des électeurs au bureau de vote m’a énervé !

A Aguié, je demande à un Papa : « Alors Papa, vous avez voté pour ou contre Tazartché ? » Réponse : « Je voulais voter contre Tazartché ! J’ai bien sur voté Tandja lors des scrutins présidentiels passés. Mais enfin, si quelqu’un commence à s’accrocher de la sorte au pouvoir, ce n’est jamais bon. Est il le seul à vouloir diriger ce pays ou bien il veut nous faire revivre les événements tragiques qui ont eu raison de Baré (sababin da ya tafi da Ba’are) ? Pour revenir au vote, quand je suis arrivé, j’ai trouvé le bureau vide. Il n y avait que les membre du bureau de vote. Cela m’a énervé, et j’ai rebroussé chemin sans avoir voté. »

3. Désormais, quand vous prenez un taxi, il faut savoir ce que vous dites !

Un jour je pars à la DRH du MEN, situé comme certains le savent dans les locaux de l’Enseignement Sup. à Niamey. Une des employées me raconta l’histoire suivante que l’avocate d’une jeune femme détenue lui a racontée le matin même. La veille (la veille du jour où elle me racontait l’histoire) la jeune femme avait pris un taxi. Dans le taxi plusieurs personnes discutaient et prétendaient que Hama Amadou a trahi Tandja Mamadou. La jeune femme pris la parole et dit que si trahison il y a, c’est au contraire Tandja qui a trahit Hama. Elle donna ses raisons. Le même soir, on sonna à la porte, chez elle. C’étaient des policiers qui l’amenaient passer sa première nuit en tôle.

4. De 1963 à 2009, Tandja est absolument le meilleur de tous les présidents !

A Maradi je dis à un vieux : « Tsoho, su Baba Tandja shi kenan an zarce » (Vieux, finalement Tandja passe !). « Bien sur que Tandja passe. Je le savais et l’avais bien dis à certains de votre genre qui arrivent de la ville. » Je répliqua alors : « que Dieu nous préserve des mauvaises conséquences que cela pourrait engendrer ! » Le vieux me répondit que Dieu voulant, rien n’arrivera qui ne soit de la grâce divine. Moi « qui arrivais de la ville », je voulais ouvrir la bouche pour expliquer au vieux des choses qui ne seraient pas à sa portée ; le grand père me coupa cours la parole : « Ecoute gosse, je ne suis qu’un pauvre paysan. Mon avis n’intéresse personne dans cette affaire de Tazartché. Avec ou sans mon consentement, ils allaient faire ce qu’ils avaient décidé. Mais il y a une chose dont je suis sûr et certain. On peut faire tous les discours que l’on veut, mais ni Diori, ni Kountché, ni Ali Seybou, ni Mahaman Ousmane, ni Ba’aré, ni Wanké n’ont fait le bien que Tandja à fait au paysan. Je méprise Mahamane Ousmane parce qu’il n’a ni cœur, ni honte ; j’ai peur de Mahamadou Issoufou parce que sa rigidité fera cassé la baraque une fois qu’il sera au pouvoir ; enfin, je déteste Hama Amadou parce que bien qu’il soit le plus habile de nos politiciens, il est en même temps celui qui a le « ventre le plus noir ». Alors, « ko gobe tazartché » (même demain, que TAZARTCHE). »

Le pouvoir ... c'est le pouvoir; 2ème partie

Le pouvoir, c’est le pouvoir…

Deuxième partie : … même dans les mains des vermines

(Après un siècle d’absence de la civilisation de la toile d’araignée, me voici de retour pour la suite de notre conte ; car désormais, ils s’agit de « notre » conte, moi et mon lecteur. Oh ! je sais ce que vous vous dites : « il se prend déjà pour un conteur fait et veut user des manières des grands ». Détrompez-vous, pas du tout, là n’est point mon intention. Je vois alors votre deuxième flèche : « incorrigible, il te faut te justifier en tout. Nous comprenons bien que tu n’aies pas le courage de t’excuser expressément de n’avoir pas respecter ton engagement de livrer tes contes dans le délai et puis… » Excusez moi, je sais qu’il est impoli de faire attendre le lecteur, mais je ne me souviens pas d’un délai de livraison … « Alors tu ferais mieux d’aller au conte si tu ne veux pas que nous te zappions ! » Alors à vos ordres et avec toutes mes excuses.)

Mais supportez un bref rappel :
Bartai, sa clique, l’histoire de la royauté, du passage à tabac ordonné par l’enfant de Madougou, de la convocation du père de Bartai, du discours du chef de la gendarmerie et du « le pouvoir, c’est le pouvoir même dans un jeu d’enfant ! » Vous avez pu oublié, mais pour la suite, vous devez vous en rappeler !

Et bien le propre de Bartai, c’est d’être très intelligent, alors qu’à première vue, il se donne toujours pour un idiot congénital. Par intelligent, nous n’entendons pas les gens qui sont capables de faire toute leur scolarité avec tous les prix de toutes les premières places célébrées. Bartai, avait-il été à l’école ? Personne ne s’en souvient parce que personne ne trouve d’intérêt à se poser la question. Par intelligent, nous faisons allusion à ces génies qui ont un sens poussé des situations et des temps. De la moindre chose qui leur arrive, ils dénichent illico presto tous les avantages qu’ils peuvent en tirer pour eux-mêmes, et surtout rien que pour eux. Ainsi, le chef gendarme vient de cautionner le passage à tabac de Bartai, juste parce que le « pouvoir, c’est le pouvoir ! » Alors, lui, Bartai, battu sur ordre du « roi de jeu », lui Bartai, peut certainement avoir dans cette situation, plus que faire battre.
Le lendemain, c’est Bartai qui réveilla l’enfant de Madougou :
« Je suis venu vous présenter mes excuses, oh grand roi. J’ai agi en idiot. En réalité tu aurais du être roi depuis bien longtemps. Car c’est toi qui, en réalité, nous as toujours mené aux meilleurs endroits de ciyawa. J’ai poussé l’idiotie jusqu'à laisser mon père amener la petite histoire d’hier à la gendarmerie. Mais là bas, j’ai compris que « le pouvoir c’est le pouvoir, même dans un jeu d’enfants. » Et justement parce que le pouvoir, c’est le pouvoir, il n’est pas digne de roi, même dans un jeu, de sortir sans une suite qui l’annonce et affiche le symbole de sa royauté. Le premier à avoir voulu contester ta royauté, je suis le premier qui ferai tout pour l’affermir et je serai le dernier à vouloir te quitter. Car sans toi que serai notre groupe ? Une bande de gosses et de voyous errants à la recherche de ciyawa ? Et si nous savions même chercher ciyawa ! Car qui connaît mieux les meilleurs endroits de ciyawa que toi. Je viens, noble roi me mettre à ton service. »
En vérité, l’enfant de Madougou ne s’attendait pas du tout à cet engagement si lyrique. Lui-même ne se prenait pas autant au sérieux. Il s’avait que cet engagement ne pouvait être gratuit, mais qu’avait-il à perdre ? Et de toute façon, n’est pas vrai ce que dit Bartai ? Ce n’est certainement pas pour lui-même qu’il acceptait son rôle de nouveau chef ! Si comme tous le reconnaissent, même bien avant c’était lui qui menait le groupe, pourquoi ne pas accepter la reconnaissance et l’honneur de ce qu’il fait et faisait de bon cœur ? Quoi, n’est pas là juste une manière de répondre aux sollicitations de ses paires et de pouvoir ainsi mieux les aider ? Tout le monde sait bien que l’idée de faire un roi ne vient pas de lui. Tout le monde sait que l’idée de le choisir lui, comme le roi ne vient pas de lui non plus. Et tout le monde reconnaît qu’il est le mieux (peut être le seul) qui puisse assumer ce rôle pour le bien de tous. Conclusion, tous devaient lui être reconnaissants.
Et voila le tout nouveau roi, précédé de son tout nouveau griot, installé avec tous les honneurs à la sortie du village, au lieu habituel du rendez-vous pour la recherche de ciyawa. Quelle ne fut la surprise de ceux du parti des zélotes et des zélés en trouvant celui qu’ils ont hier copieusement tabassé aux petits soins du roi. Le chef des « tabasseurs » d’hier, en arrivant, après avoir tendu avec un certain mépris la main à Bartai, voulu tendre la main au nouveau roi. Quelle ne fut sa surprise de prendre une double claque de Bartai sur la joue :
« Le pouvoir, c’est le pouvoir ; même dans un jeu d’enfants. Un roi, ça se respecte ! Qui est tu pour tendre la main au roi ? Tu pense avoir en face de toi un vulgaire ami du quartier ? Si toi, tu ne respectes pas ton roi, qui le respectera ? Si tu penses que le pouvoir, c’est un jeu, tu peux demander à ton père d’aller se plaindre à la gendarmerie ou n’importe où ça lui chante. Désormais tu n’auras plus à traîner ta suite de zélotes ; le seul digne de cortège étant le roi. Et si tu veux contester sa royauté, dis le tout de suite pour que vous régliez l’affaire ici et maintenant. Autrement, le parti des zélotes est dissous. Car il ne peut y avoir plus d’un roi. Si tu acceptes cela, alors agenouille-toi tout de suite et demande pardon au roi. »
L’argumentaire est implacable, inattaquable. Même le roi ne peut le contester. S’il le faisait, il remettait en cause son pouvoir. Lui qui a ordonné d’expliquer à celui qui ne comprenait pas pourquoi il devait remplir le sac du roi de fourrage avant de remplir le sien propre, peut-il interdire d’expliquer à quelqu’un que « le pouvoir, ça se respecte » ? Le chef du parti des zélotes promena ses yeux du côté du roi, le roi le regarda droit dans les yeux, le chef du parti des zélotes compris qu’il n y a désormais qu’un seul chef et que ce n’est pas lui. Il s’agenouilla et demanda pardon.
Bartai respira en pleins poumons sa revanche. Son sac de revanche était bien plein : il a giflé et humilié quelqu’un, insulté son père, dissous son parti. Il poussa plus loin le cynisme ; il prit celui qu’il vient de déshonorer à part :
« Je n’ai rien contre toi. Il fallait que nous donnions un exemple aux autres pour établir le pouvoir du nouveau roi. Je ne veux pas te prendre ta place. Mais laisse moi être le troisième homme du pouvoir. Désolé pour la claque. »
Les excuses de Bartai acceptées, celui à qui les excuses ont été présentées se promis de prendre sa revanche un jour ; Bartai se dit en son fond intérieur qu’ils sont à match nul et que plus jamais il ne se laissera surprendre, il marquerai plutôt le premier but que d’avoir à se rattraper.
Les autres gosses comprirent tous là où va la nouvelle danse. Qui se promit de bien rentrer dans la danse, qui se promit de s’asseoir regarder tranquillement la danse, qui se désola de se trouver en pareil endroit au pareil moment, qui bénit les cieux et les dieux pour la même raison. Chacun compris sa place. Et voila le pouvoir du roi établi et bien établi. Et voila Bartai qui devient sage philosophe :
« le pouvoir c’est le pouvoir, et malheur au sot qui ne le comprend pas, et bienheureux qui peut très bien en profiter ! »


NB : Je ne suis pas un moraliste, donc je n’ai pas à tirer de morale de notre conte. Je dis notre conte, juste parce que, même si fidèle à mon habitude, je n’ai pu résister à la tentation de reconsidérer le dosage du sel dans la sauce ; je suis obligé d’accepter qu’une fois qu’un conte est publié, alors il devient justement public. D’ailleurs, je ne peux plus vous assurer que les faits eux-mêmes ne sont pas le fruit de la divagation de mon imagination. Ils ont bien sur été inspiré de ce qui a eu lieu à Aguié, dans la région de Maradi au Niger. Mais …