mardi 7 septembre 2010

Les trois plaies du Niger : Famine, inondations, criquets pèlerins

Que d’épreuves ! Les Nigériens doivent bien se demander quel péché gravissime ils ont commis pour que le ciel leur tombe ainsi sur la tête ! A peine s’étaient-ils douloureusement séparés de leur président, Mamadou Tandja, pour essayer de sortir leur pays d’une crise, que dame famine s’est abattue sur eux, griffes et crocs en avant. Les pénibles entrelacs de la faim partiellement démêlés, voici le déluge qui inonde hommes, bêtes et champs. Comme si cela ne suffisait pas, les sauterelles ravageuses se mêlent à présent d’une partie déjà mal engagée.
Comment le Niger arrivera-t-il à soigner cette nouvelle plaie ? Sans aucun doute, l’utopique technique de la cacophonie des casseroles et des boîtes de conserve n’est plus d’actualité ! Place donc aux actions réfléchies et stratégiques. C’est le lieu de se demander ce que devient le Projet d’urgence de lutte contre le péril acridien en Afrique (PULCPA). Pour rappel, ce programme a été initié en 2005 pour une durée de 4 ans au profit de sept pays africains à fort taux de risque acridien. Le Niger fait partie de ces pays et avait eu à l’époque une enveloppe de 2 millions de dollars pour armer sa lutte. Le projet est à ce jour presqu’à terme. Les acteurs formés sont-ils prêts à contrer cette invasion ? Réponse probablement dans les prochains jours. Mais il faut préciser que la mise en œuvre effective du projet a été retardée par l’insécurité qui règne au Sahel, précisément au Mali et au Niger, comme l’a indiqué le chargé du projet, Denis Jordy en mars dernier. Un constat qui n’augure pas de perspectives réjouissantes pour le pays de Salou Djibo.
Autre aspect du problème, Il est vrai que c’est actuellement le Niger qui se débat avec son nuageux ennemi, mais il ne faut pas oublier que le péril acridien dévore rarement un seul pays et a tendance plutôt à suivre une trajectoire avant de s’éteindre. Il ne serait donc pas étonnant que les cieux d’autres pays de la sous-région, voisins du Niger, soient bientôt noircis par les menaçants nuages de ces petits volatiles. Sont-ils préparés à les recevoir avec la manière ? Il faut certes reconnaître que ledit projet repose sur la mise en place d’un front commun contre le péril. Néanmoins, il est à relever que tel qu’il est conçu, les différents Etats hôtes de ces importuns visiteurs à mandibules, doivent attendre que ces derniers finissent de dévorer leur voisin et se présentent à leurs frontières, avant de tenter de les contenir. Ils agiraient en fin de compte chacun de son côté et l’action conjuguée souhaitée ne serait pas très visible.
Pourquoi ne pas plutôt chercher à étouffer le péril acridien là où il a éclos ? Unir les forces pour aplatir la menace au Niger avant qu’elle ne s’envole et n’envahisse d’autres Etats ? Dans tous les cas, le moment est venu pour le Niger de faire ses preuves. S’il endigue le mal, alors bonjour les tam-tams des belles récoltes ! Mais s’il échoue, alors le Niger a encore un long chemin à parcourir avant de sortir de sa crise alimentaire. Et dans ce cas de figure, d’autres pays de la sous-région ne seraient pas loin, hélas, de lui emboîter le pas...
Source : "Le Pays"

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