lundi 6 juillet 2009

Le pouvoir, c’est le pouvoir…








Première partie : … même dans un jeu d’enfants !

« Avant de commencer mon « conte », je dois d’abord vous demander pardon au sujet du premier de mon premier « conte » intitulé « Le pouvoir, une fois qu’on y goutte ». En effet c’est bien un « conte » que j’ai voulu vous proposer. Ce n’était pas un essai, un pamphlet, une dissertation, une réflexion, ni même une analyse approfondie à propos de la situation qui prévaut actuellement au pays. Non, c’était plus léger. Ainsi certains on pu être déçu de ma lecture. Ils se seront certainement dits que le Monsieur n’est pas très sérieux. Le problème c’est qu’un texte n’est vraiment lisible, souvent, qu’à partir d’une convention tacite entre celui qui l’écrit et celui qui le lit. Vous lirez différemment un texte qu’on vous présente comme une autobiographie, un roman, un traité d’histoire ! Bref, assez parlé, je voulais juste signaler que je voudrais mettre sur le blog une série de sorte de « conte-à-ma-façon ». Je vous livre donc la première partie du deuxième conte. »

Il y a eu, dans un département qui s’appelait Aguié, d’un pays qui s’appelait le Niger, des enfants qui allaient à la brousse chercher du fourrage ou « ciyawa ». Ils en revendaient et aidait ainsi leurs parents à assurer la pitance de leurs familles dans ces temps difficiles de soudure ; ces temps qui voient la fin du mil dans le grenier et l’attente du mil dans les champs.
Un, jour, une des ces idées qui semble nous venir du ciel telle une révélation, se fit jour dans la tête d’un de ces enfants : « Et si on mettait en place un roi ! » lança-t-il ? Les autres le regardèrent, certains en rire, d’autres même s’en moquèrent. Mais un autre enfant trouva que l’idée n’est pas si folle que cela. Et voila alors tous les enfants décidés de s’en servir comme une nouvelle distraction. On aura donc un roi qui nous guidera et nous conduira à la recherche du fourrage. Au besoin, nous nous trouverons ainsi mieux organisés pour nos petites rapines aux abords de la ville et dans les « rugar fulani » ou campement des peuls. C’est tout naturellement qu’on demanda au meneur habituel du groupe d’assumer la nouvelle responsabilité, bien qu’il y ait eu d’autres enfants qui voulaient la même place. Le nouveau roi, avant d’accepter la charge posa distinctement deux questions : 1. « Etes vous tous d’accord pour que je sois votre roi ? » Comme d’habitude, dans de telles circonstances, certains esprits zélés et calculateurs s’empressèrent de répondre à la place de tous les autres : « Bien sûr que tout le monde est d’accord pour que tu devienne le roi ». 2. « Qui ne m’accepte pas comme roi ? » Les mêmes zélés répliquèrent qu’il n y a personne. Ceux qui voulaient lever leur doigt, se sentirent privés de parole et considèrent qu’après la réponse que les autres ont donné à leur place, ils ne peuvent plus se permettre d’avoir une opinion différente de celle de « tout le groupe ». Le plus grand des « zélateurs » finit même par ôter son bout de chemise pour le nouer autour de la tête du nouveau roi en guise de signe d’intronisation. Le nouveau roi fit alors ainsi son discours de prise de fonction :
« J’accepte la charge que vous venez de me confier. Je suis désormais votre roi et vous me devez l’obéissance en tout. En contrepartie, je vous dirigerai, vous conduirai vers le meilleur des fourrages, et organiserai toutes nos sorties. Mais pour tout à l’heure, quand on sera sur nos lieux habituels où nous faisons « ciyawa », je m’en irai me reposer à l’ombre du grand arbre sous lequel nous avons l’habitude de jouer. Quand à vous, vous remplirez d’abord mon sac de « ciyawa » avant d’aller en faire pour vous. Quand vous aurez fini, nous rentrerons alors en ville ! »
Le parti des « zélotes » ne respira même pas pour répondre oui. Mais un des enfants qui hésitait à contester la royauté juste avant l’intronisation, trouva injuste la décision du roi. Pourquoi le roi se reposerait à l’ombre tandis que les autres rempliraient son sac ? Vaut-il mieux que les autres ? Il n’a qu’à faire lui-même « ciyawa » pour son propre compte comme d’habitude. Mais le roi a entendu les questions. Il se fit amener le dissident.
- Tu tiens toujours à savoir pourquoi vous remplirez d’abord mon sac avant de remplir les vôtres, tandis que moi, je serai à l’ombre pour me reposer ?
- En tout cas, je trouve cela injuste et, je n’ai pas l’intention de le faire. Tu n’as qu’à faire « ciyawa » comme tout le monde ici.
- Je t’assure que tout à l’heure tu changeras d’avis
!

Sur instructions du roi, le dissident se fit battre jusqu’au sang et ramené devant le chef.
- Tu as encore besoin d’explications pour faire ce que je dis ?
- Non, j’ai très bien compris !
- Je te savais très sage pour ignorer que le « pouvoir, ça se respecte ».


Si notre ami a su que le « pouvoir, c’est le pouvoir », il ne l’a pas encore vraiment accepté. Dès qu’ils rentrèrent en ville, il s’en fit voir son père à qui il montra toutes ces blessures et raconter comment l’enfant de Madougou à demander à tous les autres enfants de copieusement le tabasser.
- Madougou apprendra tout de suite à corriger son enfant !
Le père de βartai s’en alla prendre « konbakashio » ! Le chef gendarme voulut écouter l’histoire de la bouche de l’enfant avant de convoquer Madougou.
L’enfant arriva et fit le même récit au chef gendarme qu’à son père. S’il n’avait pas été intimider par la tenue militaire du chef et le béret, il aurait certainement ajouter des détails qu’il n’avait livré à son père. Quand le chef gendarme voulut savoir pour quelle raison l’enfant de Madougou à ordonner à tous les enfants de se prendre à βartai et comment se fait-il que tous obéirent à l’enfant Madougou aveuglement, l’enfant raconta l’histoire de la royauté.
Alors le chef gendarme fit le présent discours au père de βartai :
« Ton enfant vient d’apprendre à ses dépends ce que c’est que le pouvoir. Si je demande à mes hommes qui sont ici de te jeter en prison tout de suite, ils s’exécuteront sans jamais me demander ce que tu as fait. Si je les envoi chercher Madougou, Madougou sera face à moi dans quelques instants. Tu viens te plaindre à mon niveau parce que j’ai le pouvoir d’agir. Et j’ai le pouvoir d’agir parce que j’ai à ma disposition des hommes qui m’obéissent. Ils m’obéissent parce qu’ils reconnaissent tous en moi le pouvoir et l’autorité. Le jour où l’on me punira parce que je leur ai donné des ordres ou qu’on les punira parce qu’ils ont obéit à mes ordres, alors je n’aurai plus de pouvoir. Et je ne pourrai t’être d’aucun secours. C’est pourquoi je ne peux appeler Madougou juste parce que son enfant à exercer un pouvoir que ses paires eux-mêmes lui ont confié. Ton enfant, et toute la ville avec lui, doit comprendre qu’on ne badine pas avec le pouvoir. Et le pouvoir, c’est le pouvoir même dans un jeu d’enfants ! »

NB : Je ne suis pas un moraliste, donc je n’ai pas de morale à tirer de mon conte. Je dis mon conte, juste parce que, fidèle à mon habitude, je n’ai pu résister à la tentation de reconsidérer le dosage du sel dans la sauce. Si non, je vous assure que les fait eux-mêmes ne sont pas imaginés seulement. Ils ont bien eu lieu à Aguié, dans la région de Maradi au Niger.

1 commentaire:

  1. slut,
    je vois que la bonne série est en marche. Avec une bonne touche littéraire , on peut donner une belle vie à des différends entre enfants mais qui engagent par ailleurs les adultes...
    merci pour l'effort de mémoire et l'empreinte de génie. tes lecteurs ne s'ennuieront jamais.
    Courage et n'oublie pas d'archiver et surtout,ne te laisse pas gagné par la fainéantise!!!
    Mounkaila

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