lundi 29 juin 2009

Le président Tandja dissout la Cour constitutionnelle


NIAMEY - Le président nigérien, Mamadou Tandja, a dissous de facto lundi soir la Cour constitutionnelle qui s'était opposée par trois fois à son projet de référendum en vue de modifier la constitution pour pouvoir rester au pouvoir après la fin de son second et dernier quinquennat, a annoncé la radio nationale.

Selon la radio officielle "Voix du Sahel", le président a signé deux décrets suspendant les articles 104 et 105 de la Constitution. Ces deux décrets ont trait à la nomination des sept membres de la Cour et surtout à leur inamovibilité durant leurs mandats de six ans.

Mamadou Tandja a également abrogé trois décrets remontant à 2004, 2006 et 2008 qui concernaient les nominations des membres de la Cour.

Le 25 mai et 12 juin derniers, la Cour constitutionnelle a rejeté le projet de référendum annoncé par le président le 4 août afin de modifier la Constitution et de briguer un troisième mandat consécutif.

Le président Tandja lui avait demandé la semaine dernière de revenir sur son arrêt, pourtant sans appel et contraignant, ce que la Cour a refusé. M. Tandja a déjà dissous le parlement le 26 mai, tandis que le principal parti qui le soutenait, la Convention démocratique et sociale (CDS), a claqué la porte du gouvernement.

Devant cette impasse le président a annoncé vendredi qu'il s'arrogeait des "pouvoirs spéciaux" et gouvernerait désormais par décret et ordonnance.

Lundi, il a déjà désigné sept ministres pour remplacer ceux qui avaient démissionné jeudi dernier bien qu'ils appartiennent à un parti favorable au Président.

La dissolution de la Cour constitutionnelle intervient alors que l'opposition nigérienne, regroupée dans un "Front de défense de la démocratie" (FDD) a appelé à une "journée pays mort" mercredi pour protester contre la détermination du président Mamadou Tandja de rester au pouvoir.

Le FDD a pour objectif de paralyser le pays avec banques et marchés fermés, tandis qu'aucun transport public ne serait assuré. Il compte également organiser le 4 juillet "une marche-meeting" à Niamey.

Constitué de partis politiques, d'ONG et de syndicats, le FDD est un des trois fronts qui combattent le projet de référendum sur une nouvelle constitution que souhaite organiser le président Tandja.

Après le refus de la Cour constitutionnelle de revenir sur son arrêt invalidant le référendum prévu le 4 août, le président Tandja a invoqué vendredi l'article 53 de la Constitution pour s'arroger des "pouvoirs exceptionnels" et gouverner par décrets et ordonnances.

Le lendemain, le FDD a dénoncé "un coup d'Etat" et demandé "à tous les Nigériens de se mobiliser en usant de tous les moyens légaux pour faire immédiatement échec à cette entreprise de liquidation de l'Etat de droit et de la démocratie".

Suite à ces déclarations, le ministre de l'Intérieur Albadé Abouba a menacé l'opposition et affirmé dimanche que le référendum aura bien lieu à la date prévue.

(©AFP / 29 juin 2009 22h19)


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